Granges, vous qui gardez l’orée du chemin creux,
Avez-vous vu passer la frêle solitude
Recherchant le secret des bois mystérieux
Ou un abri discret pour vivre en quiétude ?

Les heures embaumées par tant d’herbes fleuries,
De sapins et de prés, guident les rêveries
Bien au-delà des bois, jusqu’aux chalets discrets
Où la montagne cache bonheurs et secrets.

Souches et brindilles et pierres ravinées,
N’est-il pas un peu tôt pour sortir votre nez
De la couverture que l’hiver vous façonne,
Quand le froid est si vif que la terre frissonne ?

Si paisible est le ciel, si calme la rivière,
Que le vent retiré au loin, dans la clairière,
N’ose mêler son chant au discret clapotis
Des barques sur le bord de la rive assoupies.

Moi, le petit chemin qui cours sur la colline,
Le long des barrières j’ai beaucoup musardé;
J’ai entendu rouler les pierres érodées,
J’ai vu chaque saison de soleil ou de bruine…

Grange abandonnée au vent et à la neige,
Tu te tiens immobile à l’orée du vieux bois,
Taciturne et secrète, environnée de froid,
Face à la blancheur que ta présence protège.